Archives de catégorie : Sonnets et beaux vers

Le Zegel : Soleil de décembre.

Soleil de décembre

Un soleil de décembre a doré ma palette
Qui, lasse de grisaille, ajustant sa voilette
En signe de grand deuil, pleurait la violette,
L’hirondelle jolie et le joyeux pinson.

J’ai plongé mon esprit dans ce rai de lumière
Pour éclairer les murs de ma tendre chaumière
Tout en rêvant d’amour et de rose trémière ;
Le silence riait en sifflant sa chanson !

C’est à ce moment-là qu’une muse aquarelle
Me souffla quelques vers, dont la rime si frêle,
Caressa mon matin d’un vol de tourterelle
En déposant sa plume en haut de mon buisson !

Tendrement j’ai cueilli cette offrande divine,
Afin de la plonger dans l’aube qui ravine
Entre les pans d’un jour aux éclats d’olivine,
Puis j’ai repris espoir sans crainte et sans frisson !

Annie

Un premier prix de poésie !

J’ai reçu un premier prix de poésie, sur le thème du sourire, à Encres Vives en présence de Monsieur le Maire de Cholet. Un bel après-midi très convivial. Merci aux membres, au président Monsieur Roy, et au jury !

Les bienfaits d’un sourire

La beauté d’un visage est un cadeau du ciel
Qui, dès le plus jeune âge, attendrit la famille
Cherchant à deviner sur la verte ramille
L’héritage béni d’un don essentiel !

On peut être bien fait sans se montrer aimable,
Le miroir d’un regard trahit l’esprit boudeur,
En cultivant sans cesse une telle froideur
On se retrouve seul, c’était inévitable !

Que serait l’univers privé de son soleil,
De la lune en croissant, qui nourrit le poète,
Éclaire chaque nuit d’une aura mignonnette,
Souriante et mutine en son simple appareil ?

Ainsi notre sourire est bouquet d’espérance,
Qu’il soit timide ou franc, il demeure festin
Pour celui qui reçoit dans les bras d’un matin,
En plus de l’astre d’or, ce cadeau d’excellence !

Souvent affectueux, il guérit le chagrin,
Quand il est enjôleur, évidemment on l’aime,
S’il se montre éclatant, il mérite un poème,
Une place de roi dans mon alexandrin !

Annie Poirier

Stances : Nuit d’été.

Huile sur toile, Nuit de Saint Jean

Nuit d’été

Hier la nuit d’été qui nous prêtait main forte,
Pour apaiser le feu d’un soleil violent
Ouvrit un pan du ciel et toute sa cohorte
D’étoiles en bouquets au reflet cajolant.

Le croissant d’une lune, offert en paysage,
Nous rendit l’appétit que nous avions perdu,
A force d’éponger la sueur d’un visage
Qui regrettait déjà le solstice attendu !

Oh quel bonheur pourtant quand la saison crépite
Entre les blés dorés et le coquelicot,
Et l’on aime ce cœur qui doucement palpite
Dès qu’une silhouette adopte un caraco !

Ainsi je me souviens de certains soirs d’orage
Qui nous menaient dehors jusqu’à minuit passé,
D’entendre un grondement nous ne prenions ombrage,
Le spectacle était tel que nul n’était pressé !

Afin de mieux dormir on ouvrait la fenêtre,
Chaque chuchotement berçait notre sommeil
Jusqu’à ce que le jour, tout heureux de renaître,
Ajoute à ses pinceaux le rose et le vermeil !

Annie Poirier

Le sonnet marotique : La femme et la ride.

Merci à Maria Dolores pour la belle mise en page !

La femme et la ride

Elle aimerait gommer la ride qui progresse
Tout autour de sa bouche, avide du câlin,
Qu’un regard amoureux, tendrement masculin,
Caresse nuit et jour avec force allégresse !

Face au miroir du temps qui doucement la presse,
Il lui faut désormais se résoudre au déclin
D’un minois délicat, qui tel un doux vélin,
Se retrouve froissé par trop d’élans d’ivresse !

Être femme est un art, qu’importe la saison,
Le printemps et l’été chantent sa floraison,
Son automne est le fruit que l’on dore à la flamme.

Dès que l’hiver survient, à l’aube des bons vœux,
Si la neige blanchit l’argent de ses cheveux,
Une ronde d’enfants s’attache à la belle âme !

Annie

Stances : Bienfaisante retraite.

Bienfaisante retraite

Je suis riche du temps que l’âge me procure,
Ainsi chaque matin, plus de réveil hurlant,
Mais le chant des oiseaux, au timbre ensorcelant,
Rythme tous les bienfaits de cette sinécure !

Dans le creux de mon lit, qu’importe la saison,
Je paresse et m’étire et je refais le monde,
Non pas celui qui trempe en une mer immonde,
Mais bien celui qui rit face à mon horizon !

Devant mon bol fumant, puisque rien ne me presse,
Je rêve encore un peu, j’invente un univers,
Où les fleurs des talus, pour mériter mes vers,
M’offrent mille parfums et leur flot de tendresse.

Et quand enfin la nuit enlève sa burqa,
La chevelure d’or de l’astre qui scintille
Lance son flamboiement à mon œil qui pétille ;
Mon jour peut commencer sa danse flamenca !

Reine de mon foyer, je m’attelle à ma tâche,
Car je règne sur tout, de la cave au grenier,
Même sur le jardin, de la rose au prunier,
En caressant le chat qui lisse sa moustache !

Annie Poirier

Le sonnet français : Après l’été.

Après l’été

Le monde sera-t-il bien plus beau, bien plus rose,
Quand l’automne venu calmera le tison,
D’un trop fougueux soleil hâtant la fenaison,
D’une nature en feu cramant son air morose ?

Durant l’été brûlant j’ai vu pleurer ma rose,
Lasse de ne pouvoir en son exhalaison
Égaler en beauté tout l’or de l’horizon,
Et l’incroyable éclat d’un ris de primerose.

L’hirondelle est partie et mon cœur est chagrin,
Je suis comme l’épouse au départ du marin,
Je surveille les cieux, l’orage et ses alarmes !

Si l’actualité nous offrait du jasmin,
Au lieu de nous servir son chapelet de larmes,
La vie aurait le goût de miel et de cumin !

Annie Poirier

La Ballade : Souvenirs

Souvenirs

J’avais une belle maison
Avec un toit dont chaque lauze,
Clignant des yeux sur l’horizon,
Goûtait chaque métamorphose
D’une nature en symbiose.
Ainsi coula le fil des ans,
Sous un ciel pur et grandiose ;
Je me souviens des jours plaisants.

Je cultivais chaque saison,
Le pourpre, l’or, la primerose.
Si je tombais en pâmoison,
Face au bonheur d’un jour plus rose,
C’est que l’hiver, pâle et morose,
Lâchait ses tout derniers brisants
Sur la jacinthe à peine éclose.
Je me souviens des jours plaisants.

Je dois me faire une raison
Et vivre enfin l’apothéose
D’un autre gîte en floraison,
Où l’esprit muse et se repose !
Ici le temps coule en osmose
Avec de doux refrains grisants,
Chantés par l’oiseau virtuose.
Je me souviens des jours plaisants.

Envoi

Amis qui partagez ma cause,
Éloignez-vous des feux cuisants
Quand l’âge d’or a son arthrose !
Je me souviens des jours plaisants.

Annie

Le sonnet marotique : Souvenirs d’été.

Souvenirs d’été

Aux senteurs de la figue et de melons joufflus
J’ajoute au souvenir ce ciel que rien n’égale,
Ni le bleu de la mer, ni Paris, son Pigalle,
Car je fuis ces hauts-lieux, la foule et son reflux !

Je les regrette tant ces étés révolus,
Quand leurs rayons brûlants, tel un feu de Bengale,
Faisaient danser mon cœur et chanter la cigale ;
Adieu les jours bénis qui ne reviendront plus !

Désormais je me dois d’honorer ma mémoire,
Se vêtant aujourd’hui d’un doux voile de moire,
Afin d’en protéger l’or et le diamant…

Ô villages charmeurs, perchés sur la colline,
Jamais je n’oublierai votre douceur câline
Qui flattait mon regard de l’aube au firmament !

Annie

Le sonnet shakespearien : A l’heure de la sieste.

Huile sur toile de mon amie Christiana Moreau

A l’heure de la sieste

Entendez-vous ronfler le village qui dort ?
Il a tant jacassé ce matin sur la place,
S’est réveillé très tôt pour profiter de l’or
D’un soleil qui s’étire encore et se prélasse.

Maintenant qu’il rayonne en plein milieu des cieux,
L’on ferme les volets, l’on déserte les rues,
Riche de ce trésor mais si malicieux
Que même les pitons craignent pour leurs verrues !

La fontaine murmure appelant les oiseaux,
Ou quelque chat flânant contre les vieilles pierres
Pour profiter un peu de la fraicheur des eaux,
Avant de refermer leurs fines paupières.


Lorsqu’enfin l’ancien bourg est à nouveau dispos,
La brise sonne alors la fin du chaud repos !

Annie

Le sonnet marotique : Mystérieuse Bretagne.

Mystérieuse Bretagne

Au pays de l’Ankou, si la lande murmure,
Est-ce, venant de Raz, la plainte du marin,
Dont l’âme chante encor son éternel refrain,
Celui d’une légende où règne le lémure ?

Entre les gris rochers et la verte ramure,
La bruyère fleurit, qu’importe le chagrin ;
Les genêts, les ajoncs, charment le pèlerin,
Mais quand revient le soir chacun se claquemure !

Dès que la lune est pleine, au pied d’un vieux menhir,
On dit qu’un korrigan pleure le souvenir
D’une ville endormie en plein cœur de l’écume !

Le mystère s’échappe à l’heure du levant,
L’oiseau reprend son vol sous les ailes du vent,
Et moi face à la mer je ramasse sa plume !

Annie Poirier