Archives de catégorie : Lieux de balades

Les stances : La ronde des mois.

La ronde des mois

Déjà janvier s’avance en son bel artifice,
Enveloppé d’espoir et de brouillard givrant ;
Il brise du passé chagrins et maléfice
Puis il quitte la scène heureux et délirant.

Arrive février dans son manteau d’hermine
Qui transforme le bois en un monde enchanteur,
Fige le cyclamen, même la cardamine,
Dans l’attente d’un mars toujours à la hauteur !

Avril a son coucou, mai ses mille clochettes,
Chacun d’eux s’évertue à réveiller les cœurs,
Et lorsque l’on entend crépiter les branchettes,
C’est que juin rayonnant savoure ses liqueurs !

Et s’enflamme juillet de l’aube au crépuscule
Pour rester grand vainqueur des plus belles moissons
Que l’on déguste en août, en pleine canicule,
En attendant du soir deux zestes de frissons.

Sur les fils de septembre, on voit une hirondelle,
Se délecter déjà du grand rassemblement,
Tandis que les moineaux, d’un habile coup d’aile,
Surveillent de la treille, octobre au firmament.

Novembre épouse l’or du plus beau chrysanthème
Dès que la feuille meurt sous l’arbre décharné,
Jusqu’à ce que décembre attise une bohème
Pour réchauffer la crèche où dort un nouveau-né !

Annie

Stances : Le chant des vagues.

Un grand MERCI à mon amie de blog, Marie ( regard ) pour le prêt de sa sublime photo, le phare de Ploumanac’h !

Le chant des vagues

Je marche sur le sable en quête de silence,
Celui qui fait danser l’océan baroudeur,
Quand les flots brusquement maîtrisent leur ardeur,
Et que la vague enfin berce sa nonchalance.

Le clapotis de l’eau caresse les galets,
A la voix du grand large, étonnamment muette,
S’ajoute bien souvent le cri d’une mouette,
Avant qu’elle ne plonge au milieu des reflets.

Sur le sable en sueur, des crabes en déroute,
En marchant de travers regagnent leur rocher,
Que l’écume aussitôt s’amuse à dénicher
Dès qu’elle étale au loin son jupon qui froufroute !

Voilà que maintenant mes deux pieds font trempette,
Neptune s’est lassé de l’éternel refrain,
Il en veut plus encor, cymbale et tambourin,
Et pourquoi pas aussi l’éclat d’une tempête ?

Venant de l’horizon, la mer dans son galop,
Chahute un peu la vague et la sort de son rêve,
Il lui faut désormais se presser vers la grève,
Pour marier sa note au chant du matelot !

Annie 

Le Zegel : Soleil de décembre.

Soleil de décembre

Un soleil de décembre a doré ma palette
Qui, lasse de grisaille, ajustant sa voilette
En signe de grand deuil, pleurait la violette,
L’hirondelle jolie et le joyeux pinson.

J’ai plongé mon esprit dans ce rai de lumière
Pour éclairer les murs de ma tendre chaumière
Tout en rêvant d’amour et de rose trémière ;
Le silence riait en sifflant sa chanson !

C’est à ce moment-là qu’une muse aquarelle
Me souffla quelques vers, dont la rime si frêle,
Caressa mon matin d’un vol de tourterelle
En déposant sa plume en haut de mon buisson !

Tendrement j’ai cueilli cette offrande divine,
Afin de la plonger dans l’aube qui ravine
Entre les pans d’un jour aux éclats d’olivine,
Puis j’ai repris espoir sans crainte et sans frisson !

Annie

Le sonnet marotique : Mystérieuse Bretagne.

Mystérieuse Bretagne

Au pays de l’Ankou, si la lande murmure,
Est-ce, venant de Raz, la plainte du marin,
Dont l’âme chante encor son éternel refrain,
Celui d’une légende où règne le lémure ?

Entre les gris rochers et la verte ramure,
La bruyère fleurit, qu’importe le chagrin ;
Les genêts, les ajoncs, charment le pèlerin,
Mais quand revient le soir chacun se claquemure !

Dès que la lune est pleine, au pied d’un vieux menhir,
On dit qu’un korrigan pleure le souvenir
D’une ville endormie en plein cœur de l’écume !

Le mystère s’échappe à l’heure du levant,
L’oiseau reprend son vol sous les ailes du vent,
Et moi face à la mer je ramasse sa plume !

Annie Poirier

La Terza-Rima : Ma France.

Ma France

Ma France est un pays de grande liberté,
Quand la colère gronde, il faut bien la comprendre,
Mais de nos jours, hélas, plus rien n’est vérité…

Des erreurs de jadis nous devions tous apprendre
A mieux entretenir cet immense jardin,
Mais voici qu’à nouveau se réveille Cassandre !

La pagaille est partout, que l’on soit citadin,
Ou que l’on vive au cœur d’une verte campagne,
Chaque saison nouvelle apporte son gourdin !

La grogne est à genoux, nos châteaux en Espagne
Sont les moulins à vent de notre esprit frondeur,
Et chacun tire à soi les franges d’un vieux pagne !

Mais pourquoi donc encor ce regain de froideur
Contre un gouvernement que l’on dit girouette,
Où pouvoir et bonté n’ont pas la même odeur ?

La richesse est pourtant dans un vol d’alouette,
Qui chante pour nous tous dans un ciel azurin,
Mais il ne suffit pas pour remplir la brouette,

Si les plus fortunés dédaignent le pétrin !

Annie

Stances : Mortagne en poésie.

Mortagne en poésie


Un habile poète, on ne peut plus affable,
Nous a conté Mortagne et son écrin d’argent,
Où tout un petit peuple, adorable régent,
S’est réveillé soudain dans le creux d’une fable !

Car c’est là sous la pierre, où dorment les lézards,
Qu’on entend murmurer les songes des venelles,
Berçant le promeneur de rimes éternelles,
Quand celui-ci devient amoureux des beaux arts !

De l’église assoupie, aux rives de la Sèvre,
Ralentissez le pas, cueillez chemin faisant,
Ce décor magnifique, au minois séduisant,
Dès que l’astre du jour lui dessine une lèvre.

Dans le chant des grillons, rêvent d’anciens moulins,
Puisqu’ils ont tout donné, même en étant sans ailes,
C’est pour eux qu’aujourd’hui dansent les demoiselles,
Leur incessant ballet fait naître des câlins.

Il est d’autres trésors, modestes et pudiques,
Que seul l’œil attentif saura bien découvrir ;
Fontaines aux longs becs, vous êtes à chérir,
Quand vos pleurs font danser leurs notes mélodiques !

Pour un peu de repos, ou pour l’âme apaiser,
Notre Dame du Pont, du chœur de sa chapelle,
Dans un silence d’or tendrement vous appelle,
Jusqu’à l’heure où le ciel offre un dernier baiser !

Annie Poirier, Mortagne sur Sèvre

Le sonnet marotique : Mortagne sur Sèvre.

Mortagne Sur Sèvre

En pays de Mortagne il est un lieu charmant,
Que l’on visite à pied, mais en tendant l’oreille,
Car derrière les murs où s’amuse la treille,
On entend les oiseaux chanter allégrement.

Amoureux de la pierre et de son chatoiement,
C’est ici que l’on trouve, à nulle autre pareille,
Dans un écrin ourlé de la salsepareille,
La plus belle parure et son miroitement.

Sous couvert des logis, la nature s’invite,
Épouse le château qui doucement gravite,
Les nuits de pleine lune, autour d’anciens dictons…

Je me plais à penser qu’un nouvel Épicure,
Aimerait, c’est certain, le Jardin de la Cure,
Où s’admire au printemps la rose en ses festons !

Annie